Cette page est en cours de rédaction, j'y ajouterai progressivement d'autre contenu et d'autres photos.
Le musée de l'armée Tchèque étant actuellement fermé, c'est vraiment par hasard que j'ai découvert l'existence du musée des légions tchécoslovaques de Prague puisqu'aucun site ou guide touristique n'en parle.
C'est en consultant les nombreux ouvrages d'histoire militaire dans une librairie de Prague du côté de Mustek que j'ai découvert, dans la bibliographie d'un ouvrage, l'existence de l'association des légionnaires tchécoslovaques Československá obec legionářská ainsi que celle du musée Muzeum československých legií dont les pages Facebook sont très bien faites et régulièrement animées.
A noter les incroyables rayons "Miltary" de cette librairie. A croire que les tchèques s'intéressent beaucoup plus à l'histoire militaire que leurs homologues français.
Pour situer le musée, il se trouve dans la rue prolongeant la maison dansante, non loin du musée national, métro Pavlova.
C'est un musée discret, pas très grand mais extrêmement dense et riche de très belles photos, de pièces d'équipement et d'uniformes.
Il débute par une frise/labyrinthe chronologique retraçant l'existence des différentes légions tchécoslovaques: en Russie, en France, en Italie, dans l'armée Serbe ainsi que les expatriés dans l'armée britannique, aux États-Unis, en Suisse…
Dès le début de la visite, j'ai fait le choix de me focaliser sur la Légion tchécoslovaque en France.
Les panneaux et les cartels sont en tchèque mais on reçoit à l'accueil un fascicule en anglais "czechoslovak legions 1914-1918" et un autre en français "l'armée tchécoslovaque des légionnaires" très complets et illustrés permettant de bien saisir la complexité et la diversité des légions tchécoslovaques.
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L'histoire des légions tchécoslovaques en France.
Au début de la Première Guerre mondiale, les Tchèques et Slovaques, dans leur grande majorité, étaient loyaux à la monarchie austro-hongroise et n'opposèrent globalement pas de résistance à la mobilisation de 1914.
Cependant, on enregistre les premiers engagements des volontaires tchécoslovaques auprès de la Légion étrangère à Paris le 21 août 1914.
Le 31 août marque la création de la première compagnie, bataillon C du 2e Régiment de Marche du 1er Étranger à Bayonne, sous les ordres du capitaine français Léon Joseph Sallé, comptant 250 volontaires.
En se croisant en ville, les soldats avaient pris l'habitude de se saluer par « Nazdar ! » et furent dès lors dénommés la « Compagnie Nazdar ».
Dès les premiers combats des troupes Austro-Hongroises, des difficultés apparurent entre les conscrits tchèques et leurs cadres germanophones (ou hongrois pour les Slovaques).
À partir de 1915, des émigrants et intellectuels tchèques et slovaques (Tomáš Garrigue Masaryk, Milan Rastislav Štefánik, et Edvard Beneš), envisagèrent de créer des légions tchécoslovaques. Leur objectif était d'assister les troupes de la Triple-Entente afin d'obtenir, en cas de victoire, la création d'un État indépendant tchécoslovaque à partir de territoires appartenant à l'Autriche-Hongrie : le royaume de Bohême (avec la Moravie et la Silésie autrichienne) et la Slovaquie, alors Haute-Hongrie.
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Le 12 janvier 1918, création du 21ème régiment tchécoslovaque à Cognac.
Le 12 janvier 1918, est officiellement proclamé dans la salle de la mairie de Cognac la création du 21ème régiment tchécoslovaque sous les ordres du Lieutenant-colonel Armand Charles Philippe.
Puis, avec l'arrivée de nouveaux volontaires est créé à Jarnac, le 22ème régiment tchécoslovaque sous les ordres du Lieutenant-colonel Abel Gardan.
Les deux unités forment la Brigade tchécoslovaque sous les ordres du colonel Philippe avec pour adjoint, le capitaine Josef Snejdarek, le lieutenant-colonel Gillain ayant pris la tête du 21ème régiment.
Vareuse de caporal du 21ème régiment.
De facture assez soignée, on notera les galons de grade directement brodés sur le drap.
Elle porte les rubans de la Médaille de la Révolution Tchécoslovaque instituée à Paris le 1er décembre 1918 et la médaille de la Victoire ou médaille interalliée créée le 20 juillet 1922.
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Serment de Darney le 30 juin 1918.
La brigade est rassemblée, le 9 juin 1918 à Cognac pour un défilé effectué sous les ordres du général Janin puis le 30 juin 1918 à lieu, à Darney dans les Vosges, un serment solennel devant le président de la république Raymond Poincaré et le secrétaire national tchécoslovaque à Paris, Edvard Benes. La veille, le ministre des affaires étrangères Stephen Pichon annonçait aux représentants tchécoslovaques que le gouvernement français reconnaissait le conseil National tchécoslovaque à Paris comme base du gouvernement tchécoslovaque ainsi que le droit de la nation tchécoslovaque à un état indépendant.
Les 21ème et 22ème régiments de légionnaires tchécoslovaques intègrent la 53e division d'infanterie en août 1918.
Du 13 juin au 15 septembre, ils sont déplacés en Haute-Alsace. De là, à partir du 24 juin, ils occupent un secteur entre Leimbach et le canal du Rhône au Rhin, réduit à droite, le 9 août, jusque vers Burnhaupt-le-Haut.
De gauche à droite: insigne de béret, pattes d'épaule et pattes de col.
Du 15 au 30 septembre, ils sont retirés du front, et transporté en train dans la région Châlons-sur-Marne et Épernay pour se reposer, puis ils entrent en mouvement vers Nanteuil-la-Fosse et Ville-en-Tardenois.
Vitrine conscrée à la légion tchécoslovaque en france.
De gauche à droite: fusil mitrailleur Chauchat, tunique de caporal du 21ème régiment tchécoslovaque, masque à gaz ARS17, étui pour masque à gaz M2, épaulière et gants de mitrailleur, havresac de pourvoyeur Chauchat modèle 1915, musette à chargeurs, béret, fusil Lebel-Berthier modèle 1907-15 modifié 1916 avec baïonette sans quillon, fourragère aux couleurs de la croix de guerre, casque Adrian modèle 1915 (voir détails de l'insigne plus loin), veste modèle 1879, képi d'officier (voir détails de l'insigne plus loin), porte-carte liseuse d'officier, étui de revolver modèle 1876, cartouchières modèle 1888 et 1905/1914, cartouchière modèle 1916, musette modèle 1892, bidons modèle 1877, bandes molletières, havresac modèle 1893, clairon.
Du 30 septembre au 9 octobre, ils progressent, en 2e ligne, dans la région de Serzy-et-Prin (bataille de Champagne et d'Argonne).
L'uniforme de la légion tchècoslovaque emprunte plusieurs éléments uniformologiques typiques des chasseurs à pied et alpins: béret, bandeau des képis en velours noir, galons argentés.
Cependant, la coupe du béret, avec les coutures sur tout le pourtour est plus proche de celle de l'éphémère béret modèle 1915 bleu horizon commun à l'infanterie.
Du 9 au 16 octobre, ils sont transportés en camion au camp du bois de la Lyre, puis se mettent en mouvement vers le nord de la rivière Py.
Casque Tchécoslovaque août 1917 avec au centre le blason de la bohême, à droite la Silésie, à gauche la Moravie, en haut la Slovaquie.
Du 16 au 31 octobre, ils occupent un secteur, face à l'Aisne (Oise), entre Voncq et Condé-lès-Vouziers, où le combats sont particulièrement violents.
Le képi reprend les éléments des képis d'officiers chasseurs avec bandeau en velours noir, galons et noeud hongrois argenté. La visière est cependant plus carrée et tuilée, les boutons de fausse jugulaire au monogramme CS sont plus larges que sur les modèles français.
A noter la couture du bandeau localisée sur le côté gauche au lieu de l'arrière.
Une fois l'armistice signée, les deux régiments rejoignent Darney où ils reçoivent la visite du nouveau président de la république T.G. Masaryk.
Au même moment, est créé à Cognac le 23ème régiment tchécoslovaque, constitué de volontaires slovaques. La brigade devient la 5ème division tchécoslovaque.
La vitrine des coiffures, comme celle des décorations et des sabres, illustre la grande diversité des couvre-chefs portés par les différentes légion tchécoslovaques.
Puis avec les derniers volontaires, est créé le 18 janvier 1919 le 24ème régiment tchécoslovaque.
Dès le 19 décembre 1918, les premières unités regagnent par train via l'Italie la jeune Tchécoslovaquie.
Au total, ce sont 9 600 soldats qui ont fait partie des unités tchécoslovaques en France. Parmi eux 680 sont morts, inhumés dans 11 cimetières: La Targette, Vouziers, Cognac, Jarnac, Minaucourt, La Cheppe, Souain-Perthes, Jonchery, Châlons sur Marne, Fère Champenoise, Pantin et Cernay.
Un mémorial fût érigé à Darney en 1938 avant d'être détruit par les nazis deux ans après.
Sa reconstruction prévue en 1968 n'eut lieu qu'en 1978 et il fallut attendre 1989 pour qu'une véritable commémoration ait lieu.
Le 7 février 2002, le président Vaclav Havel décide que le 30 juin sera la journée des forces armées tchécoslovaques en rapport au serment de Darney le 30 juin 1918.
Au côté des nombreuses décorations étrangères remises aux légionnaires tchécoslovaques, notons trois décorations spécifiques:
- Croix de Guerre 1914-1918
Elle est créée à Paris en novembre 1918 pour distinguer les actes de bravoure devant l'ennemi au cours des opérations militaires comprises entre le 27 juillet 1914, date de la mobilisation de l'armée austro-hongroise, et le 28 octobre 1918, date de la proclamation de l'indépendance de la Tchécoslovaquie. En juin 1919, un décret étendra l'attribution au conflit frontalier de janvier 1919 avec la Pologne au sujet du duché de Teschen (Silésie) et au conflit frontalier d'avril à août 1919 avec la Hongrie au sujet de la Slovaquie.
Il s'agit d'une croix de bronze composée de quatre cercles portant chacun les armes d'une des parties du nouvel État tchécoslovaque: Bohême (en haut), Moravie (à gauche), Silésie (à droite), Slovaquie (en bas). Il existe une variante de fabrication française.Le ruban peut recevoir des insignes distinctifs correspondant à des citations collectives ou individuelles:- un rameau de cinq feuilles de tilleul lorsque l'unité est citée à l'ordre de l'Armée, une étoile d'or à titre individuel.
- une feuille de tilleul lorsque l'unité est citée à l'ordre du Corps d'Armée ou de la Division, une étoile d'argent à titre individuel.
2- médaille de la révolution tchécoslovaque ou médaille révolutionnaire
créée à Paris en décembre 1918 pour honorer tous les Tchécoslovaques qui ont lutté pour libérer leur Nation et permis l'indépendance du nouvel État. Elle est dessinée par le sculpteur français Antoine Bourdelle (dont on peut distinguer les initiales AB entre les pattes du cheval sur l'avers), outre deux fabrications tchèques, il existe une variante produite par les établissements Delande.
Parmi les nombreuses barettes, notons celles relevant du théâtre d'opération français:
- L.E. pour Légion Étrangère, en référence à la Compagnie "Nazdar".
- PERONNE. rappelle les combats de la Compagnie Nazdar dans ce secteur.
- ALSACE. Elle commémore la période de juillet à septembre 1918 pendant laquelle les 21ème et 22ème Régiments de Chasseurs tchécoslovaques se trouvent dans les Vosges près d'Aspach.
- ARGONNE. Elle commémore les victoires à Terron et Vouziers en septembre 1918. L'agraphe a été frappée en tchèque ARGONNY et en français ARGONNE.
- une série d'agrafes portant des n° de régiments tchécoslovaques formés pendant la Première Guerre mondiale: 21, 22, 23. Il ne semble pas exister d'agraphe numérotée 24.
- au même titre que la croix de guerre, on peut trouver aussi sur le ruban la feuille ou le rameau de feuilles de tilleul pour les citations du régiment à l'Ordre du Corps d'Armée ou de la Division .
Le modèle exposé ici se rapporte aux légions tchécoslovaques en russie, les différentes barettes indiquant:
C.D. pour Ceska Druzina (Compagnie Tchèque), première unité constituée en Russie en 1914.
ZBOROV victoire des 1er, 2ème, 3ème et 4ème régiments en juillet 1917.
BACHMAC percée des 6ème et 7ème régiments qui échappent à l'encerclement des forces austro-allemandes en Ukraine.
SIBIR commémore les combats des légions en Sibérie.
3-médaille intéralliée ou de la Victoire
Dessiné par le sculpteur Otakar Spaniel, il existe plusieurs types de médailles, officielles et non-officielles, qui concernent la Tchécoslovaquie, les fabricants privés palliant aux retards de production de l'atelier monétaire national de Kremnice, vidé des ses machines par la Hongrie.
Le modèle exposé est ainsi une médaille non-officielles, produite par les fabricants tchécoslovaques Leisek ou Riemer sur le modèle dessiné par Paul Dubois pour la Belgique (avers et revers).
A noter, l'excellente initiative du musée et de l'association de recenser tous les légionnaires sous forme de fiches biographiques:
http://legie100.com/krev-legionare/
A suivre...
Bibliographie:
Elle est assez nombreuse en tchèque mais déjà plus rare en anglais (chez Osprey) et encore plus en français (une page dans le Lilian et Fred Funcken sur 14-18).
La légion tchécoslovaque en Russie domine largement les autres théâtres d'opérations dans la littérature existante.